Que vous cherchiez un couteau de chasse, de survie, de bushcraft, de brousse ou que sais-je encore, la question reste la même : quel acier dois-je choisir ? Et, autant vous le dire d’emblée, la réponse n’est pas des plus aisée…

Les maquis des aciers pour couteau de survie

Une lame ébréchée, une autre dont la pointe s’est brisée, une troisième impossible à affûter…  Si vous partez sur un métal de mauvaise facture, bonne chance… Et, « bon chance » pour les amateurs du film Taken. Votre couteau bushcraft devrait vous causer quelques sueurs froides. Au fond, quand on n’est pas sûr de sa lame, de la qualité de son métal, on se pose tous les mêmes questions. Est-ce qu’elle peut casser ? Arriverai-je à l’aiguiser ? Et si je la fait tomber, le fil risque-t-il de péter ? Une liste que je vous laisse compléter.

Mais on est comme vous : quand il s’agit de choisir entre un acier carbone 1095, du CPM S35VN ou un acier inoxydable 9Cr19MoV, on ne sait plus vraiment où donner de la tête. En fait, on se demande même ce que ça peut bien vouloir dire. Alors, pour vous aiguiller, nous avons pris contact avec un expert. Ingé méca et pratiquant la coutellerie d’art en amateur, il en connaît tout en rayon. Au demeurant, c’est aussi mon petit frère.

L’acier carbone rouille. Prenez-en soin ! (Abstract 507 d’Etienne / CC)

Chercher le bon compromis entre dureté et résistance de l’acier

Pour lui, il faut prendre en compte un double critère dans son choix : la dureté de l’acier (est-il déformable sous l’effet de la pression) et sa résistance (est-il cassant sous l’effet de chocs).  « L’augmentation de l’un se fait généralement au détriment de l’autre, détaille-t-il. Un couteau très dur sera plus cassant qu’un couteau moins dur pour une forme et des dimensions identiques. »  

Autre conséquence de ce couple dureté-résistance : plus un couteau est « dur », plus son tranchant pourra être de bonne qualité. Tandis que son affûtage risquera d’être laborieux. Vous l’avez compris, tout est une histoire de compromis. Le conseil avisé est donc de choisir son acier en fonction de l’utilisation qu’on en aura. Pour lui, le débutant qui se sert de son couteau de bushcraft une fois l’an « devrait prendre une lame qui s’aiguise bien et donc pas trop dure (inférieure à 56 HRC) ». Les baroudeurs invétérés ont, quant à eux, « tout intérêt à se diriger vers des duretés supérieures à 58 HRC ».

Le bon équilibre se trouve entre votre savoir-faire en termes d’affûtage et la dureté de l’acier. Un novice se dirigera de préférence vers un acier facile d’entretien et dont l’aiguisage est aisé. Un expert pourra se diriger vers des lames dont la dureté est plus marquée et l’entretien plus complexe.

Pour plus de résistance, les gros formats c’est le pied

Seul problème, les experts de l’affûtage sont souvent ceux qui sollicitent le plus leur couteau de survie. Vu les coups qu’ils leur mettent, ils ont tout intérêt à disposer d’une résistance renforcée en plus d’une dureté optimale. Alors comment résoudre ce problème ? Rien de plus simple ! « Il suffit d’augmenter l’épaisseur de la lame. En effet, une lame de 5 mm d’épaisseur dans un acier 60 HRC sera moins cassante que celle d’un couteau de 2 mm en 58HRC. » En une phrase : privilégiez les gros formats si vous pratiquez le bushcraft de manière régulière.

Je vous vois venir : un gros format c’est aussi l’assurance de se taper un poids de malade. Et de finir avec l’avant-bras ankylosé. Faux ! Un couteau lourd, s’il est bien équilibré, ne pèsera pas grand chose une fois en main. Le centre de gravité doit être proche de l’index. Alors, comme on le dit à chaque fois, avant d’acheter votre couteau de survie, essayez-le ! 

Eh oui, vous avez compris l’idée. Il n’existe pas, à proprement parler, de « meilleur acier », de recette miracle pour choisir l’acier de son couteau de survie. C’est votre usage qui doit dicter votre choix. Un couteau, c’est avant tout un coup de cœur, une émotion, un plaisir que l’on se fait… mais dont l’objectif est d’être utilisé et non pas exposé. L’usage, l’usage, l’usage. Il n’y a que ça de vrai.